Cent et demi : un bilan

Gui­do : Emi­nen­za, io non sono felice.
Car­di­nale : Per­ché dovrebbe essere felice ? Il suo com­pi­to non è ques­to. Chi le ha det­to che si viene al mon­do per essere feli­ci ? (Fre­de­ri­co Fel­li­ni. 8½)

Depuis la mise en ligne du Blog en jan­vier 2019, voi­ci donc venu le moment de la paru­tion du cen­tième billet … et demi. Pour mar­quer l’occasion qui, un peu par hasard, coïn­cide avec un an de plus au comp­teur per­son­nel, il m’a sem­blé oppor­tun de faire un bref retour sur l’un des der­niers grands textes théo­riques de Freud : le Malaise dans la culture. Il s’agit de l’un des ouvrages les plus sombres de Freud. Non­obs­tant son abs­trac­tion natu­ra­li­sante, il consti­tue éga­le­ment l’un des textes les plus per­son­nels de Freud. Dans sa bio­gra­phie de Freud, Peter Gay écrit : « Ce livre est un grand résu­mé de la réflexion de toute une vie. »

Freud lui-même se sen­tait bien moins sûr de l’importance et de la signi­fi­ca­tion de son texte :

Je n’ai jamais res­sen­ti aus­si for­te­ment que cette fois-ci que je dépeins ce qui est géné­ra­le­ment connu, que j’u­ti­lise du papier et de l’encre, et par la suite des tra­vaux de com­po­si­tion et de l’encre d’im­pri­me­rie, afin de racon­ter des choses qui sont en fait évi­dentes. (Freud, 1999c, chap. VI)

L’ouvrage allait rapi­de­ment deve­nir le pre­mier ›best-sel­ler‹ de Freud. Car ses lec­teurs ne voyaient pas le texte du même œil. Les réflexions que Freud y pré­sente, et qui sem­blaient paraître bien banales à son auteur, ne consti­tuent rien de moins qu’un conden­sé de sa concep­tion de l’homme et de sa concep­tion de l’homme dans le monde.

La note domi­nante de l’ou­vrage se fait entendre dès le deuxième cha­pitre : « toutes les ins­ti­tu­tions de l’u­ni­vers » s’opposent à ce que l’homme soit heu­reux. « Être heu­reux, écrit Freud, n’est pas conte­nu dans le plan de la ›créa­tion‹. » Car le bon­heur se pré­sente tout au plus de façon sou­daine, épi­so­dique et pour de très courts moments, quand « des besoins for­te­ment refou­lés » trouvent enfin à être satis­faits. Voi­là une image de l’homme dans le monde qui aurait mis plus de 30 ans d’expérience de la psy­cha­na­lyse à naître et qui ne manque cer­tai­ne­ment pas de radi­ca­li­té. Pas­sons sur la tona­li­té scho­pen­haue­rienne évi­dente de ces passages.

Tou­te­fois, ne rete­nir que la pra­tique de la psy­cha­na­lyse dans ces conden­sés revien­drait à sim­pli­fier le « résu­mé d’une vie ». Au moment de la rédac­tion du manus­crit, Freud avait vécu une guerre mon­diale et le décès de l’une de ses filles, Sophie âgée de 26 ans, des suites de la grippe espagnole.

Pour avoir une idée de la pro­fon­deur de la dou­leur de Freud suite à cette perte, il suf­fit de relire la lettre du 12 avril 1929, où Freud fait part de son inter­mi­nable deuil à son ami et col­lègue Lud­wig Binswanger :

Aujourd’­hui même, ma fille défunte aurait eu trente-six ans. […] On sait que le cha­grin aigu d’une telle perte se ter­mi­ne­ra, mais on res­te­ra incon­so­lable, sans jamais trou­ver de sub­sti­tut. Tout ce qui prend sa place, même s’il ne la rem­plit jamais tout à fait, reste autre chose. Et c’est bien, en réa­li­té. C’est le seul moyen de pour­suivre l’a­mour que nous ne vou­lons pas aban­don­ner. (Freud, 1999b)1

Pen­sons que Freud ne parle pas seule­ment du décès de sa fille en écri­vant ces lignes. L’on se sou­vient qu’au moment du décès de son père, Freud avait déjà qua­li­fié sa dis­pa­ri­tion comme l’un des évé­ne­ments les plus bou­le­ver­sants de la vie d’un homme. 

La por­tée de ces remarques est plus géné­rale encore. À l’âge de 74 ans, Freud a connu bien d’autres pertes et deuils. Dans une vie, lit-on dans Malaise dans la culture, les sources du mal­heur et de la souf­france sont nom­breuses : nos corps se délabrent et tombent malades, la nature toute-puis­sante fait rage en nous et s’y mani­feste comme impla­cable anta­go­niste à notre féli­ci­té (Freud pense à la notion « pul­sion de mort », ou la pul­sion d’auto-destruction et de des­truc­tion qu’il déve­lop­pait depuis 1920) et les rap­ports aux autres hommes et femmes y rajoutent du leur.

Freud était évi­dem­ment bien conscient du fait que ses réflexions n’étaient pas aus­si tri­viales qu’il le prétendait :

Parce que les petits enfants, ils n’aiment pas entendre dire que l’homme a une ten­dance innée au ›mal‹, à l’a­gres­sion, à la des­truc­tion et donc aus­si à la cruau­té. (Freud, 1999b2)

Au moment de la paru­tion de Malaise dans la culture, Freud avait déjà lut­té sept ans durant contre un can­cer de la mâchoire, occa­sion­nant d’innombrables opé­ra­tions maxil­lo-faciales. C’est ce même can­cer qui, le 21 sep­tembre 1939, aura pous­sé Freud de mettre fin à ses jours, moyen­nant une dose fatale de mor­phine. De plus, avant de mou­rir, il aura encore vécu un nou­vel essor de cet anti­sé­mi­tisme qui lui avait déjà coû­té sa car­rière uni­ver­si­taire et lavait engen­dré le nazisme.

En 1930, Freud écrivait :

La réa­li­té que l’on se plaît à nier […] est que l’homme n’est pas seule­ment un être doux qui a besoin d’a­mour et peut se défendre lors­qu’il est atta­qué, mais qu’il peut aus­si comp­ter par­mi ses facul­tés ins­tinc­tives une part impor­tante de ten­dance à l’a­gres­sion. Par consé­quent, son voi­sin n’est pas seule­ment une aide pos­sible et un objet sexuel, mais aus­si une ten­ta­tion pour satis­faire ses agres­sions contre lui, pour exploi­ter son tra­vail sans com­pen­sa­tion, pour l’u­ti­li­ser sexuel­le­ment sans son consen­te­ment, pour s’emparer de ses biens, pour l’hu­mi­lier, pour le faire souf­frir, pour le tor­tu­rer et pour le tuer. Homo homi­ni lupus ; après toutes les expé­riences de la vie et de l’his­toire, qui a encore le cou­rage de remettre en ques­tion cette phrase ? Cette agres­sion cruelle attend géné­ra­le­ment une pro­vo­ca­tion, ou est mise au ser­vice d’un autre objec­tif, dont la fin pour­rait être atteinte par des moyens plus tendres. Dans des cir­cons­tances qui lui sont favo­rables, lorsque les contre-forces men­tales qui la brident sont tom­bées, elle s’ex­prime aus­si spon­ta­né­ment et expose l’homme comme un ani­mal sau­vage auquel le sou­ci de ména­ger sa propre espèce est étran­ger. (Freud, 1999c)3

On n’aura pas man­qué l’é­cho de l’un des textes fon­da­teurs de la phi­lo­so­phie poli­tique moderne. Dans sa dédi­cace au De Cive de 1642 Tho­mas Hobbes. à qui Freud fait allu­sion dans le pas­sage cité, écri­vait en effet :

Il ne fait aucun doute que les deux for­mules sont vraies : l’homme est un dieu pour l’homme, et l’homme est un loup pour l’homme […] même les hommes de bien doivent, à cause de la dépra­va­tion des méchants et s’ils veulent se pro­té­ger, recou­rir aux ver­tus guer­rières – la force et la ruse – c’est-à-dire à la rapa­ci­té des bêtes.4

Cepen­dant, ce qui pour Hobbes rele­vait du Lévia­than, de l’État, pour Freud rele­vait de la fonc­tion uni­ver­selle de la culture. C’est la culture, dira Freud, qui dans le meilleur des cas nous pro­tège de la rapa­ci­té des autres. Et c’est encore la culture qui nous pro­tège de notre propre inhu­ma­ni­té, autant envers les autres qu’envers nous-mêmes. Car « le but de toute vie, écri­vait Freud en 1920 dans une for­mule méta­phy­sique épous­tou­flante, est la mort. »

Hobbes ima­gi­nait un état de nature pré­cé­dant l’organisation sociale de l’État, et où la vie de l’homme était sou­mise à « la peur conti­nuelle, et le dan­ger d’une mort vio­lente ; et la vie de l’homme [est] soli­taire, pauvre, méchante, bru­tale et courte »5.

La culture, pen­se­ra Freud, relève d’« un pro­ces­sus au ser­vice d’É­ros, qui veut unir des indi­vi­dus humains iso­lés, puis des familles, puis des tri­bus, des peuples, des nations en une grande uni­té, l’humanité ».

Mais voi­là : au ser­vice de l’Éros, la culture ne peut sur­vivre qu’en contrô­lant et répri­mant les pul­sions de mort et les pul­sions des­truc­trices. Hobbes ne disait pas mieux : l’État est ce monstre, le Lévia­than, auquel les peuples accordent le mono­pole de la vio­lence légi­time en renon­çant à leurs propres pul­sions violentes.

Pour­tant, ni l’État ni la culture ne résolvent le pro­blème. Au contraire. C’est sur ce point que Freud aura dépas­sé Hobbes ; en pes­si­misme diront cer­tains, en ‹réa­lisme› d’autres. Car les pul­sions des­truc­trices une fois contrô­lées au ser­vice de l’Éros et de la « peur sociale » qui s’ensuit – la peur de la soli­tude et de la honte –, ne dis­pa­raissent pas pour autant. Ce qui aupa­ra­vant pou­vait être expri­mé, se voit désor­mais retour­né contre la propre per­sonne. En sui­vant Freud, le des­tin cultu­rel des pul­sions des­truc­trices serait donc de sys­té­ma­ti­que­ment se trans­for­mer en pul­sions auto-des­truc­trices. La pro­fon­deur psy­cho­lo­gique et poli­tique de la remarque est dif­fi­cile à sur­es­ti­mer. (Il fau­dra y reve­nir, car Freud est aus­si, contrai­re­ment à ses propres inten­tions, un pen­seur poli­tique. C’est ce qui, entre autres, dis­tingue la psy­cha­na­lyse de l’ins­tru­men­ta­li­sa­tion idéo­lo­gique de ses méthodes par ce qu’il est conve­nu de nom­mer ›psy­cho­thé­ra­pie‹.)

En 1933, Freud écri­vait, dans sa cor­res­pon­dance avec A. Ein­stein sur les rai­sons de la guerre :

L’ins­tinct de mort devient ins­tinct de des­truc­tion en se diri­geant vers l’ex­té­rieur, contre les objets, au moyen d’or­ganes spé­ciaux. L’être vivant pré­serve sa propre vie, pour ain­si dire, en détrui­sant la vie des autres. (Freud, 1999b)

Inver­se­ment, quand sous la ter­reur du Lévia­than et sous l’ordre de la culture, la des­truc­tion de la vie des autres est inter­dite, c’est la propre vie qui risque, à tout moment, de deve­nir l’objet de cette nature des­truc­trice intérieure.

S’il y a un effet secon­daire pérenne inévi­table de la « lutte cultu­relle » qui condi­tionne notre vie, c’est celui de l’an­goisse ; de cette angoisse par­ti­cu­lière qu’est le sen­ti­ment de culpa­bi­li­té. Ce qui des pul­sions des­truc­trices n’est pas expri­mé vers l’ex­té­rieur, d’a­bord par peur des auto­ri­tés (famille, école …), se retourne contre nous sous la forme d’un sen­ti­ment de culpa­bi­li­té. L’au­to-des­truc­tion s’ex­prime de façon pri­vi­lé­giée par un sen­ti­ment de culpa­bi­li­té tenace et par la plus ter­ri­fiante des craintes sociales : la honte. « L’a­gres­sion de la conscience, remarque Freud, pré­serve l’a­gres­sion de l’au­to­ri­té. » Chaque renon­ce­ment des pul­sions, requise par la culture, nour­rit la conscience et chaque ren­for­ce­ment de la conscience aug­mente la pres­sion au renon­ce­ment : « Vous nous intro­dui­sez dans la vie, vous lais­sez le mal­heu­reux deve­nir cou­pable, puis vous l’abandonnez à sa peine, car toute faute s’expie sur la terre. » (W. Goethe. Les Années d’apprentissage de Wil­helm Meis­ter)

Si jusqu’en 1920, Freud avait main­te­nu que la vie humaine était déter­mi­née par le prin­cipe du plai­sir et par l’auto-préservation, les sol­dats trau­ma­ti­sés par la Pre­mière Guerre lui mon­traient une dimen­sion de l’âme humaine jusque-là inaper­çue. Ils lui mon­trèrent une souf­france qui n’était pas seule­ment liée aux inex­tri­cables conflits de la libi­do, mais à la répé­ti­tion muette d’une pul­sion des­truc­trice qui ne remet­tait pas seule­ment en ques­tion les concep­tions naïves de la « san­té » men­tale. Elles ques­tion­nèrent encore les fon­de­ments mêmes de la vie sociale.

Com­ment donc conden­ser le « grand résu­mé de la réflexion de toute une vie » ? Il me semble que l’une des for­mu­la­tions les plus heu­reuses reste celle de Judith Butler :

Ain­si, dans l’ac­tion même qui cherche à éta­blir et à construire un lien social, il existe une contre-ten­dance qui cherche tout aus­si faci­le­ment à le déman­te­ler, c’est-à-dire : je t’aime ; je te déteste ; je ne peux pas vivre sans toi ; je mour­rai si je conti­nue à vivre avec toi. (But­ler, 2019)

L’É­ros, l’a­mour n’offrent qu’une solu­tion rare et qui plus est, tou­jours pré­caire à ce conflit fon­da­men­tal. Freud pen­sait que comme solu­tion, l’a­mour n’é­tait pra­ti­cable que pour une mino­ri­té de per­sonnes et même pour ceux-là au prix de « modi­fi­ca­tions men­tales pro­fondes de la fonc­tion de l’a­mour » (Freud, 1999c). Freud pense à deux types de modi­fi­ca­tion : celle du nar­cis­sisme qui se réserve son amour pour soi, et celle plus com­pli­quée et plus rare encore de la subli­ma­tion. Cette der­nière don­ne­rait lieu à la trans­for­ma­tion de l’a­mour d’une per­sonne, de l’a­mour géni­tal en « une sen­sa­tion de ten­dresse constante, égale et inébran­lable » (gleich­sch­we­bendes, unbeirr­bares, zärt­liches Emp­fin­den). Mais il n’y pas grand espoir non plus de ce côté. D’une part, ces solu­tions ne relèvent évi­dem­ment jamais d’un choix volon­taire. D’autre part, le nar­cis­sisme intro­duit son propre arse­nal de pro­blèmes et la subli­ma­tion réus­sie est si rare qu’il suf­fi­ra pro­ba­ble­ment de comp­ter sur les doigts d’une seule main – de fait, Freud pense à un seul indi­vi­du – les per­sonnes qui y auront réussi. 

Pour l’é­cra­sante majo­ri­té, seul l’a­mour, l’a­mour géni­tal, per­met donc de miti­ger les effets de la des­truc­ti­vi­té et de la pul­sion de mort. Mais à nou­veau, la solu­tion paraît peu pra­ti­cable : d’une part, l’a­mour rend le bon­heur dépen­dant de l’être aimé, il rend vul­né­rable et se situe tou­jours à l’an­ti­chambre d’une autre souf­france déchi­rante. D’autre part, même ou sur­tout l’a­mour heu­reux se heurte aux exi­gences de la culture. Car il n’est pas de culture sans res­tric­tion de la force cen­tri­pète des amoureux :

La vie sexuelle de l’homme culti­vé est, après tout, sérieu­se­ment endom­ma­gée ; elle donne par­fois l’im­pres­sion d’une fonc­tion en déclin, tout comme le sont notre den­ti­tion et les che­veux sur notre tête en tant qu’or­ganes. Nous sommes pro­ba­ble­ment en droit de sup­po­ser que son impor­tance en tant que source de bon­heur, c’est-à-dire dans la réa­li­sa­tion de notre but dans la vie, a consi­dé­ra­ble­ment diminué.

Que reste-t-il donc à dire ? Que reste-t-il à écrire ?
Et pour­quoi le dire ou l’écrire ?

Le bon­heur consis­te­rait-il, comme le dit l’un des per­son­nages de Fel­li­ni, à être capable de dire la véri­té sans jamais bles­ser per­sonne. Pas­sons sur l’épineuse ques­tion de la nature de cette véri­té. Com­ment ›dire la véri­té‹, com­ment par­ler, au sens fort du terme, sans bles­ser per­sonne ? L’affaire semble bien com­pli­quée aus­si, du moment qu’il est rare de por­ter « la torche de la véri­té à tra­vers une mêlée sans brû­ler la barbe de quel­qu’un. » (G. Ch. Lichtenberg)

Pour­quoi écrire donc ? Par orgueil ? Pour faire adve­nir cet autre, dont on aime­rait être lu, pour inven­ter, et si ce n’est que dans le domaine de l’imaginaire, « un lec­teur comme je le mérite » (Nietzsche, 2005). Assu­ré­ment. Advienne que ou qui pourra.

Le réponse don­qui­chot­tesque6 bien connue de Freud reste peut-être plus per­ti­nente : « Itzig, wohin reit’st Du ? Weiß ich’s, frag das Pferd.7 » (Freud, 1999a.)

Reste l’espoir d’Adorno : que « la paille dans ton œil est la meilleure loupe » …

« One, two, three
Count with me
One, two, three
All those lit­tle pieces
One, two, three
We’re gon­na put ’em back toge­ther now
 »8

Bibliographie

  • But­ler, J. (2019). « Poli­ti­cal Phi­lo­so­phy in Freud : War, Des­truc­tion, and the Cri­ti­cal Facul­ty. » In R. G. T. Gipps & M. Lace­wing (Éds.), The Oxford Hand­book of Phi­lo­so­phy and Psy­cho­ana­ly­sis (p. 726‑750). Oxford Uni­ver­si­ty Press.
  • Freud, S. (1960). Briefe 1873 — 1939 (Zweite, erwei­tere Aus­gabe). Buch­club Ex Libris
  • Freud, S., & Fließ, W. (1999a). Briefe an Wil­helm Fließ (1887 – 1904). Fischer Verlag.
  • Freud, S. (1999b). « Warum Krieg ? » In Gesam­melte Werke. Bd. 16. Hg. v. Anna Freud u. a. Frankfurt/M. 1999
  • Freud, S. (1999c). Das Unbe­ha­gen in der Kul­tur [1931]. In Gesam­melte Werke : Vol. XIV (p. 421‑506). S. Fischer
  • Gay, P. (2006). Freud : A Life for Our Time. Nor­ton
  • Jen­kins, Cas­san­dra. 2021. « Hard Drive ».
  • Nietzsche, F. (2005). Der Fall Wag­ner. Göt­zen-Däm­me­rung. Der Anti­christ. Ecce homo. Dio­ny­sos-Dithy­ram­ben. Nietzsche contra Wag­ner (G. Col­li & M. Moni­ti­na­ri, Éds.; Neuausg. 2005 der 2., durchges. Aufl, Vol. 6). Dt. Taschenbuch-Verlag.

Notes

  1. « Gerade heute wäre meine vers­tor­bene Toch­ter sech­sund­dreißig Jahre alt gewor­den. […] Man weiß, dass die akute Trauer bei einem sol­chen Ver­lust ablau­fen wird, aber man wird unges­trös­tet blei­ben, nie einen Ersatz fin­den. Alles, was an die Stelle rückt, und wenn es sie auch nie ganz ausfül­len sollte, bleibt doch etwas anderes. Und es ist eigent­lich recht so. Es ist die ein­zige Art die Liebe fort­zu­set­zen, die man ja nicht auf­ge­ben will. » ↩︎
  2. « Denn die Kind­lein, sie hören es nicht gerne, wenn die ange­bo­rene Nei­gung des Men­schen zum »Bösen«, zur Aggres­sion, Des­truk­tion und damit auch zur Grau­sam­keit erwähnt wird. » ↩︎
  3. « Das gern ver­leu­gnete Stück Wirk­li­ch­keit […] ist, daß der Mensch nicht ein sanftes, lie­be­bedürf­tiges Wesen ist, das sich, wenn ange­grif­fen, auch zu ver­tei­di­gen ver­mag, son­dern daß er zu sei­nen Trieb­be­ga­bun­gen auch einen mäch­ti­gen Anteil von Aggres­sions­nei­gung rech­nen darf. Infol­ge­des­sen ist ihm der Nächste nicht nur mögli­cher Hel­fer und Sexua­lob­jekt, son­dern auch eine Ver­su­chung, seine Aggres­sion an ihm zu befrie­di­gen, seine Arbeits­kraft ohne Ent­schä­di­gung aus­zunüt­zen, ihn ohne seine Ein­willi­gung sexuell zu gebrau­chen, sich in den Besitz sei­ner Habe zu set­zen, ihn zu demü­ti­gen, ihm Schmer­zen zu berei­ten, zu mar­tern und zu töten. Homo homi­ni lupus ; wer hat nach allen Erfah­run­gen des Lebens und der Ges­chichte den Mut, die­sen Satz zu bes­trei­ten ? Diese grau­same Aggres­sion war­tet in der Regel eine Pro­vo­ka­tion ab oder stellt sich in den Dienst einer ande­ren Absicht, deren Ziel auch mit mil­de­ren Mit­teln zu errei­chen wäre. Unter ihr güns­ti­gen Umstän­den, wenn die see­li­schen Gegen­kräfte, die sie sonst hem­men, weg­ge­fal­len sind, äußert sie sich auch spon­tan, enthüllt den Men­schen als wilde Bes­tie, der die Scho­nung der eige­nen Art fremd ist. » ↩︎
  4. « Pro­fec­to utrumque verè dic­tum est, Homo homi­ni Deus, & Homo homi­ni Lupus. […] Hic prop­ter malo­rum pra­vi­ta­tem, recur­ren­dum etiam bonis est, si se tue­ri volunt, ad vir­tutes Bel­li­cas, vim & dolum, id est, ad feri­nam rapa­ci­ta­tem.» (Th. Hobbes. 1642. De Cive. Trad. fran­çaise de Phi­lippe Cri­gnon, Flam­ma­rion, 2010.) ↩︎
  5. « In such condi­tion there is no place for indus­try, because the fruit the­reof is uncer­tain, and conse­quent­ly no culture of the earth, no navi­ga­tion nor use of the com­mo­di­ties that may be impor­ted by sea, no com­mo­dious buil­ding, no ins­tru­ments of moving and remo­ving such things as require much force, no know­ledge of the face of the earth ; no account of time, no arts, no let­ters, no socie­ty, and, which is worst of all, conti­nual fear and dan­ger of violent death, and the life of man soli­ta­ry, poor, nas­ty, bru­tish, and short. » (Hobbes, Levia­than, Chap­ter XIII — Of The Natu­ral Condi­tion Of Man­kind As Concer­ning Their Feli­ci­ty And Mise­ry). ↩︎
  6. « De cette manière, il se tran­quilli­sa l’esprit, et conti­nua son che­min, qui n’était autre que celui que vou­lait son che­val, car il croyait qu’en cela consis­tait l’essence des aven­tures. » (Miguel de Cer­van­tès Saa­ve­dra. L’ingénieux hidal­go Don Qui­chotte de la Manche. Trad. Louis Viar­dot) ↩︎
  7. « Itzig, où vas-tu ? Je ne le sais pas. Demande au che­val. » ↩︎
  8. https://​you​tu​.be/​e​W​8​X​o​o​v​S​lsM ↩︎