Le paradoxe du féminisme néolibéral

Ces der­nières années, la rhé­to­rique des médias grand public et des ins­ti­tu­tions inter­na­tio­nales s’est lar­ge­ment répan­due : l’une des clés pour mettre fin aux maux per­sis­tants de l’é­co­no­mie inter­na­tio­nale consiste à édu­quer et à pro­mou­voir les » droits » des filles et des femmes[…].
Cet effort a don­né nais­sance à une nou­velle idéo­lo­gie pseu­do-fémi­niste, qu’A­drienne Roberts a qua­li­fié, comme on l’a vu, de « fémi­nisme trans­na­tio­nal des affaires ». Dans cette vision du monde, les États, les socié­tés mul­ti­na­tio­nales, les orga­ni­sa­tions non gou­ver­ne­men­tales et les ins­ti­tu­tions finan­cières inter­na­tio­nales ont déci­dé que les femmes du monde consti­tuent une res­source inex­ploi­tée. Une fois que les femmes seront atti­rées par les opé­ra­tions d’in­ves­tis­se­ment capi­ta­liste, le retour sur cette entre­prise sera énorme.1

Dans We were Femi­nists Once2, Andi Zeis­ler note que le terme d’« éman­ci­pa­tion » [empo­werment] a fini par deve­nir une « expres­sion fourre-tout » pou­vant désor­mais signi­fier n’im­porte quoi.

Allant de « l’es­time de soi » à la chi­rur­gie esthé­tique en pas­sant par les talons aiguilles, l’acceptation de ses rides, l’autodéfense, la moto, le Yoga ou les cours de danse-poteau, le fémi­nisme et deve­nu le mot à la mode du mar­ke­ting. Dif­fi­cile donc de juger le suc­cès de ce fémi­nisme, écrit Zeis­ler, car « le fémi­nisme en tant que mar­chan­dise, en tant que mesure dis­crète de la valeur ou de l’in­di­gni­té, en tant qu’ar­gu­ment de vente pour des pro­duits qui n’ont pas de capa­ci­tés ani­mées, est un moyen pro­fon­dé­ment impar­fait d’é­va­luer si le fémi­nisme ‘fonc­tionne’ ou non, parce qu’il s’a­git moins du fémi­nisme que de capi­ta­lisme ».3

Dans Le nou­vel esprit du Capi­ta­lisme4, Luc Bol­tans­ki et Éve Chia­pel­lo ont mon­tré com­ment les cri­tiques sociales de 68 et les pro­jets uto­piques de l’é­poque – l’épanouissement de soi, l’autogestion, l’authenticité, l’autonomie, le rejet de la hié­rar­chie, etc. – ont pu être récu­pé­rées par le ‘nou­vel esprit’ du capitalisme.

De même que cette mar­chan­di­sa­tion des idéaux cri­tiques de 68 a pu « relan­cer sur de nou­velles bases le pro­ces­sus de trans­for­ma­tion du non-capi­tal en capi­tal »5, de même les idéaux du fémi­nisme ont à leur tour pu être assi­mi­lés par le capi­ta­lisme, et au béné­fice du capi­ta­lisme. Alors que la Femme mys­ti­fiée de Bet­ty Frie­dan visait une cri­tique pro­fonde des struc­tures de domi­na­tion mas­cu­line inhé­rentes au capi­ta­lisme, la nou­velle femme mys­ti­fiée du « fémi­nisme d’entreprise » (qui nour­rit les poli­tiques dites de l’« éga­li­té des chances ») semble pou­voir reven­di­quer sa mys­ti­fi­ca­tion comme autoréalisation.

Com­ment le fémi­nisme libé­ral qui consti­tuait le mou­ve­ment le plus lar­ge­ment por­teur du « fémi­nisme de la deuxième vague » a‑t-il pu se trans­for­mer de cette manière ? Com­ment le fémi­nisme est-il deve­nu une mar­chan­dise à la pro­pa­ga­tion de laquelle sous­crivent les poli­tiques du néo­li­bé­ra­lisme progressif ?

Nan­cy Fra­ser répond à ces ques­tions dans son article « Femi­nism, Capi­ta­lism, and the Cun­ning of His­to­ry »6.

Après 40 ans de fémi­nisme de la « deuxième vague », il est pos­sible, écrit Fra­ser, de situer plus clai­re­ment l’enchevêtrement du fémi­nisme libé­ral et des chan­ge­ments sociaux induits par la trans­for­ma­tion his­to­rique du capi­ta­lisme ; notam­ment la trans­for­ma­tion néo­li­bé­rale du capi­ta­lisme des années 1980.

Dans la for­mu­la­tion hégé­lienne de Fra­ser, le retour­ne­ment du fémi­nisme est l’effet d’une « ruse de l’histoire ». Com­prendre le fémi­nisme libé­ral et ses trans­for­ma­tions requiert une recon­tex­tua­li­sa­tion par rap­port à l’évolution de l’his­toire du capi­ta­lisme contemporain.

Selon une cri­tique cou­rante, remarque Fra­ser, le fémi­nisme de la « deuxième vague » aurait eu un impact cultu­rel pro­fond (concer­nant des thèmes comme le har­cè­le­ment sexuel ou l’i­né­ga­li­té des salaires), mais il serait res­té sans effet réel sur les ins­ti­tu­tions. Dans cette optique, il suf­fi­rait dès lors de chan­ger les ins­ti­tu­tions et de les mettre au niveau du chan­ge­ment des atti­tudes. C’est pré­ci­sé­ment ce que visent les grands pro­jets poli­tiques et légis­la­tifs de l’égalité des chances et de la parité.

Or, d’a­près Fra­ser, cette ana­lyse reste super­fi­cielle parce qu’elle rate les chan­ge­ments struc­tu­rels du capi­ta­lisme induits par le fémi­nisme lui-même.

Le point sur­pre­nant étant que du fait de ces chan­ge­ments, le fémi­nisme opère un ren­ver­se­ment dia­lec­tique qui remet en ques­tion la signi­fi­ca­tion même de son impact cultu­rel : « les chan­ge­ments cultu­rels amor­cés par la deuxième vague, salu­taires en soi, ont ser­vi à légi­ti­mer une trans­for­ma­tion struc­tu­relle de la socié­té capi­ta­liste qui va direc­te­ment à l’en­contre des visions fémi­nistes d’une socié­té juste »7.

Ce retour­ne­ment du fémi­nisme a été ren­du pos­sible du fait que l’ar­ti­cu­la­tion des trois dimen­sions de la cri­tique fémi­niste – éco­no­mique, cultu­relle et poli­tique – s’est défaite en même temps qu’elle s’est déta­chée de la cri­tique du capi­ta­lisme. La concep­tion cohé­rente et sys­té­ma­tique de la socié­té, ini­tia­le­ment envi­sa­gée par le fémi­nisme de la deuxième vague, s’est frag­men­tée en autant de cri­tiques par­tielles et a ain­si été récu­pé­rée et sélec­ti­ve­ment incor­po­rée par une nou­velle forme de capi­ta­lisme : le capi­ta­lisme néo­li­bé­ral transnational.

Le fémi­nisme de la « deuxième vague » est né dans le contexte du capi­ta­lisme diri­gé (key­né­sia­nisme) du début des années 70. Ce contexte poli­tique se carac­té­ri­sait, d’après Fra­ser, par les trois déter­mi­nantes majeures que sont l’économisme, l’androcentrisme et l’étatisme :

  • L’économisme cor­res­pond à la régu­la­tion publique des mar­chés. Et bien que la visée de ce diri­gisme consis­tait dans la sta­bi­li­sa­tion du capi­ta­lisme, la légi­ti­mi­té de la poli­tique s’ap­puyait, du moins super­fi­ciel­le­ment, sur l’in­clu­sion et la soli­da­ri­té entre classes sociales. L’effet de cette foca­li­sa­tion sur la jus­tice éco­no­mique avaient comme effet aus­si de mas­quer les injus­tices et inéga­li­tés excé­dant le cadre pro­pre­ment économique.
  • Pour l’androcentrisme du capi­ta­lisme diri­gé, le citoyen idéal-typique était repré­sen­té par l’homme pour­voyeur qui ‹nour­rit› la famille avec son salaire. Le tra­vail non-rému­né­ré, repro­duc­tif, qui reve­nait aux femmes n’entrait pas dans la sphère des réflexions et poli­tiques éco­no­miques. De ce fait, la fonc­tion de l’homme dans l’économie pou­vait res­ter primordiale.
  • L’étatisme tient dans le fait que le capi­ta­lisme était orga­ni­sé au ser­vice des États-nations. Il se carac­té­ri­sait par un « éthos tech­no­cra­tique et mana­gé­rial »8 trans­for­mant les citoyens en « clients et consom­ma­teurs » de ser­vices et de biens déter­mi­nés par le pouvoir.

Au départ, fémi­nisme de la « deuxième vague » s’al­liait, du moins en par­tie, aux cri­tiques de la nou­velle gauche pour contes­ter l’é­co­no­misme, l’an­dro­cen­trisme et l’étatisme du capi­ta­lisme dirigé.

La cri­tique fémi­niste de l’économisme sou­te­nait, contre un mar­xisme sim­pli­fié, que toute forme d’in­jus­tice et d’inégalité n’é­tait pas d’emblée, ou exclu­si­ve­ment éco­no­mique. Elle refu­sait donc tout aus­si bien l’é­co­no­misme mar­xiste que le légi­cen­trisme exclu­sif du libé­ra­lisme. Ain­si, le fémi­nisme de la « deuxième vague » visait à mettre en lumière les injus­tices au sein de la famille, de la culture, de la socié­té civile et de la vie quo­ti­dien­ne­sous-expo­sées par le mar­xisme traditionnel.

La cri­tique de l’androcentrisme visait la figure idéa­li­sée de l’« homme pour­voyeur de la famille » (celle du male bread­win­ner) et du tra­vail sala­rié mas­cu­lin. Car si l’in­té­gra­tion des femmes au sein du sys­tème capi­ta­liste andro­cen­trique sem­blait pou­voir appor­ter un une plus grande éga­li­té sur le plan éco­no­mique, elle lais­sait intactes la nature anthro­po­cen­trique même du capitalisme.

D’après la cri­tique fémi­niste mar­xiste, le capi­ta­lisme est essen­tiel­le­ment andro­cen­trique du fait de la divi­sion du tra­vail social en tra­vail pro­duc­tif – géné­rant de la plus-value pou­vant être spo­liée – et en tra­vail repro­duc­tif (soit non-pro­duc­tif). Or le tra­vail repro­duc­tif, pour­tant néces­saire pour le main­tien du tra­vail pro­duc­tif, n’est non seule­ment pas rému­né­ré ou mal rému­né­ré, mais il est esset­niel­le­ment assu­ré par des femmes.

Dans sa cri­tique de l’étatisme, le fémi­nisme de la « deuxième vague » ne remet­tait non seule­ment en ques­tion les struc­tures éta­tiques « top-down » de l’i­déo­lo­gie mana­gé­riale (géné­ra­le­ment andro­cen­trique) de l’É­tat, mais il pro­po­sait encore une démo­cra­tie par­ti­ci­pa­tive non-hié­rar­chique et une pra­tique de la « connexion soro­rale » dont la fina­li­té devait être d’au­to­no­mi­ser les citoyens.

En résu­mé, fémi­nisme de la « deuxième vague » a originellement :

[…] épou­sé un pro­jet poli­tique trans­for­ma­teur, fon­dé sur une com­pré­hen­sion élar­gie de l’in­jus­tice et une cri­tique sys­té­mique de la socié­té capi­ta­liste. Les cou­rants les plus avan­cés du mou­ve­ment ont conçu leurs luttes comme étant mul­ti­di­men­sion­nelles, visant simul­ta­né­ment à com­battre l’ex­ploi­ta­tion éco­no­mique, la hié­rar­chie des sta­tuts et l’as­su­jet­tis­se­ment poli­tique. De plus, le fémi­nisme leur est appa­ru comme fai­sant par­tie d’un pro­jet d’é­man­ci­pa­tion plus large, dans lequel les luttes contre les injus­tices de genre s’a­vé­raient néces­sai­re­ment liées aux luttes contre le racisme, l’im­pé­ria­lisme, l’ho­mo­pho­bie et la domi­na­tion de classe, exi­geant toutes une trans­for­ma­tion des struc­tures pro­fondes de la socié­té capi­ta­liste.9

Le fémi­nisme en est venu à se ren­ver­ser contre son propre pro­jet poli­tique. Et d’après Fra­ser, ce retour­ne­ment s’explique du fait d’une trans­for­ma­tion du capi­ta­lisme qui, paradxa­le­ment, s’est aus­si opé­rée sous l’influence du féminisme.

Si la cri­tique du fémi­nisme de la deuxième vague s’inscrit dans le contexte du capi­ta­lisme diri­gé, elle coïn­cide aus­si avec l’avènement d’un capi­ta­lisme post-for­diste, désor­ga­ni­sé et trans­na­tio­nal.10

Ce chan­ge­ment du capi­ta­lisme se carac­té­rise par une trans­for­ma­tion du diri­gisme éta­tique en pri­va­ti­sa­tion et déré­gu­la­tion, par un rem­pla­ce­ment pro­gres­sif de la notion du ser­vice public au béné­fice la théo­rie du ruis­sel­le­ment, par le dépla­ce­ment de la citoyen­ne­té sociale vers la res­pon­sa­bi­li­té per­son­nelle et du fait de la sub­sti­tu­tion de l’État-providence par une concur­rence généralisée.

C’est dans le contexte de ces chan­ge­ments, en par­tie donc nour­ris par le fémi­nisme de la deuxième vague, que ce der­nier a fini par se trans­for­mer de son côté. Com­men­çant comme mou­ve­ment de contre-culture, il est venu à pros­pé­rer dans la nou­velle éco­no­mie déré­gu­lée pour y deve­nir un « phé­no­mène social de masse ».

Au sein du néo­li­bé­ra­lisme nais­sant, la ques­tion de la jus­tice pas­sait du pro­blème de la redis­tri­bu­tion (éco­no­mique) à celle de la recon­nais­sance (iden­ti­taire). De ce fait, le ver­sant ‘cultu­rel’ du fémi­nisme a été surin­ves­ti au détri­ment de sa cri­tique éco­no­mique. Le fémi­nisme en est deve­nu une variante de la poli­tique iden­ti­taire et les fémi­nistes se sont concen­trés sur les ques­tions d’i­né­ga­li­té cultu­relle au moment même où les inéga­li­tés éco­no­miques deman­daient une atten­tion accrue.

Comme les théo­ries néo­li­bé­rales du mana­ge­ment elles-mêmes ont pris à leur compte les cri­tiques des struc­tures hié­rar­chiques, elles ont veillé à mettre en place un capi­ta­lisme à pro­jets « où des hié­rar­chies orga­ni­sa­tion­nelles rigides cèdent la place à des équipes hori­zon­tales et à des réseaux flexibles »11

Le mar­ché a ain­si pu s’ouvrir à un nombre crois­sant de femmes, trans­for­mant en même temps les familles uni­sa­la­riales en familles bis­ala­riales. Sous ces nou­velles condi­tions, les reven­di­ca­tions du fémi­nisme de la deuxième vague ont donc en même temps été réa­li­sés et en même temps été ‹oubliées›. Bien que les femmes aient été de plus en plus nom­breuses à inté­grer le mar­ché du tra­vail pour y par­ti­ci­per au tra­vail ‹pro­duc­tif› (de plus-value), elles l’ont fait, à quelques excep­tions près, en tant que tra­vailleuses à temps par­tiel ou à salaire réduit, voire comme consom­ma­trices de micro-crédits :

En géné­ral, donc, le sort du fémi­nisme à l’ère néo­li­bé­rale se pré­sente comme un para­doxe. D’une part, le mou­ve­ment contre-cultu­rel rela­ti­ve­ment res­treint de la période pré­cé­dente s’est déve­lop­pé de manière expo­nen­tielle, dif­fu­sant avec suc­cès ses idées à tra­vers le monde. D’autre part, les idées fémi­nistes ont subi un sub­til chan­ge­ment de valeur dans le contexte modi­fié. Mani­fes­te­ment éman­ci­pa­trices à l’ère du capi­ta­lisme orga­ni­sé par l’E­tat, les cri­tiques de l’é­co­no­misme, de l’an­dro­cen­trisme, de l’é­ta­tisme et du west­pha­lia­nisme appa­raissent désor­mais empreintes d’am­bi­guï­té, sus­cep­tibles de répondre aux besoins de légi­ti­ma­tion d’une nou­velle forme de capi­ta­lisme. Après tout, ce capi­ta­lisme […] construit un nou­veau régime d’ac­cu­mu­la­tion sur la pierre angu­laire du tra­vail sala­rié des femmes et cherche à désen­gor­ger les mar­chés de la régu­la­tion sociale pour opé­rer d’au­tant plus libre­ment à l’é­chelle mon­diale.12

Les pro­messes éman­ci­pa­trices du fémi­nisme de la deuxième vague ne deviennent pos­sibles, écrit Fra­ser, que si l’on dépasse le « fémi­nisme bour­geois » qu’il est deve­nu sous l’impulsion du capi­ta­lisme néolibéral.

Pour ce faire, pour reve­nir à sa cri­tique sociale ori­gi­nelle, le fémi­nisme devrait donc se déta­cher de son confi­ne­ment iden­ti­taire pour s’ouvrir à une vision qui englobe à nou­veau l’ensemble social sys­té­ma­tique des dimen­sions de l’inégalité. Les cri­tiques refou­lées du fémi­nisme de la deuxième vague ne peuvent appor­ter de véri­tables chan­ge­ments que si elles s’associent de nou­veau aux cri­tiques plus engo­bantes du capi­ta­lisme. »13 Il en devien­drait un fémi­nisme pour les 99%, soit un fémi­nisme qui ne perd pas de vue la struc­tu­ra­tion sys­té­mique des inégalités.

Notes :

  1. Eisen­stein, H. (2017). Hege­mo­nic femi­nism, neo­li­be­ra­lism and wome­no­mics : « empo­werment » ins­tead of libe­ra­tion ? New For­ma­tions : A Jour­nal of Culture/Theory/Politics, 91(1), p. 37 – 38.
  2. Zeis­ler, A. (2017). We Were Femi­nists Once : From Riot Grrrl to Cover­Girl®, the Buying and Sel­ling of a Poli­ti­cal Move­ment (Reprint edi­tion). New York : Publi­cAf­fairs, p. 243
  3. Zeis­ler, A. (2017), p. 362
  4. Bol­tans­ki, L., & Chia­pel­lo, È. (1999). Le nou­vel esprit du capi­ta­lisme (Essais). Paris : Gallimard.
  5. Bol­tans­ki, L., & Chia­pel­lo, È. (1999), p 536
  6. Fra­ser, N. (2009). Femi­nism, Capi­ta­lism, and the Cun­ning of His­to­ry. New Left Review, (56).
  7. Fra­ser, N. (2009) p. 99.
  8. Fra­ser, N. (2009) p. 102.
  9. Fra­ser, N. (2009) p. 107.
  10. Fra­ser, N. (2009) p. 98.
  11. Voir Bol­tans­ki, L., & Chia­pel­lo, E. (1999). Le nou­vel esprit du capi­ta­lisme (Essais). Paris : Gal­li­mard, p. 109.
  12. Fra­ser, N. (2009) p. 113.
  13. Fra­ser, N. (2009) p. 116.