Pour le plaisir de la remémoration : le nouveau libéralisme, qui se confond avec les conceptions politiques toujours actuelles de la démocratie, commençait par la réflexion suivante :
Le peuple dans son ensemble est de la canaille. (Cf. « cette canaille est le peuple ».) Ce peuple n’est pas susceptible d’idées claires et surtout, il est trop divisé dans sa bêtise. C’est pourquoi la démocratie demande des décideurs publics et privés qui mettent la canaille au pas de ce que les experts reconnaissent comme « intérêt commun ».
Le but de la politique et de l’économie en devient donc de prime abord d’uniformiser la « pensée » populaire, pour assurer la démocratie libérale.
C’est ce que l’on a pu nommer « gouvernementalité » : c’est-à-dire le gouvernement des conduites et des pensées par « des dirigeants, des politiciens et des comités directeurs. »
Le résultat de cette conduite des conduites, c’est la démocratie.
À l’inverse : quiconque se prononce, argumente ou manifeste contre cette conduite par les décideurs publics ou privés et qui décident de l›« intérêt commun », peut légitimement être désigné d’anti-démocratique, d’extrême droite ou d’extrême gauche, de terroriste, etc. Soit : résister à la conduite des conduites, c’est résister à la démocratie. Avec les conséquences sociales, économiques et juridiques qui peuvent s’ensuivre.
Complotisme ?
Relisons l’un des pères du nouveau libéralisme, un certain Walter Lippmann :
Since the general opinions of large numbers of persons are almost certain to be a vague and confusing medley, action cannot be taken until these opinions have been factored, down, canalized, compressed and made uniform.
The making of one general will out of a multitude of general wishes is not an Hegelian mystery, as so many social philosophers have imagined, but an art weIl known to leaders, politicians and steering committees.
Before a mass of general opinions can eventuate in executive action, the choice is narrowed down to a few alternatives. The victorious alternative is executed not by the mass but by individuals in control of its energy.(Lippmann, Walter (1993 [1927]). The Phantom Public. Transaction Publishers. p. 37)