Lacan. La théorie. Essai de critique intérieure

Paris : Éd. du Cerf, coll. « Pas­sages », diri­gée par Heinz Wis­mann, 2000  

Lacan a révo­lu­tion­né la théo­rie et la pra­tique psy­cha­na­ly­tiques par une approche dont le carac­tère expé­ri­men­tal n’a ces­sé de se heur­ter aux rigi­di­fi­ca­tions de la pen­sée freudienne. 

Mais l’on sait aus­si que Lacan lui-même n’a pas échap­pé, mal­gré ses mises en garde per­ma­nentes, à une telle momi­fi­ca­tion de sa théo­rie. Aus­si convient-il de sou­mettre cette pen­sée à une relec­ture sys­té­ma­tique et cri­tique qui per­mette d’en com­prendre les arti­cu­la­tions, d’en déga­ger les consé­quences et d’en récu­ser, le cas échéant, les présupposés. 

Tout au long d’une relec­ture chro­no­lo­gique de la pen­sée de Lacan, l’au­teur tente de cir­cons­crire dans les textes mêmes le pro­ces­sus de dog­ma­ti­sa­tion de la théo­rie du signi­fiant, trop aisé­ment attri­buée à de mau­vais dis­ciples. II montre com­ment la réflexion sur la pra­tique, qui carac­té­rise la théo­rie psy­cha­na­ly­tique, se méta­mor­phose d’a­bord en une anthro­po­lo­gie aprio­rique pour finir comme concep­tion du monde, dou­blée de posi­tions éthiques et poli­tiques problématiques. 

Cri­tique du dis­cours du maître, cri­tique du dis­cours de l’u­ni­ver­si­té, de la bureau­cra­tie, de la phi­lo­so­phie, le dis­cours de Lacan est lui-même un for­mi­dable ins­tru­ment de pou­voir. Dans les cou­lisses de la non-maî­trise, du trou, de la cas­tra­tion et de la fini­tude, l› « au-moins-un » orchestre une maî­trise sub­tile et d’au­tant plus abso­lue que son lieu reste insaisissable.