
« Le moi [trouve] un monde fou à appréhender et c’est pourquoi il se comporte comme un fou1 »
Dans une vidéo datant du 25 janvier 2018, enregistrée lors d’une conférence au World Economic Forum et portant sur la transformation de la santé à l’âge de la quatrième révolution industrielle (« Transforming Health in the Fourth Industrial Revolution »), Albert Bourla, le C.E.O. de Pfizer, se réjouissait d’une nouvelle technologie pharmaceutique2, approuvée par la FDA (l’agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux)3 :
« La FDA a approuvé la première pilule électronique, si je peux l’appeler ainsi, il s’agit d’une puce biologique qui se trouve dans le comprimé et qui, une fois qu’on l’a ingérée et qu’elle s’est dissoute dans l’estomac, envoie un signal indiquant que vous avez pris le comprimé. Imaginez les applications de cette technologie… »
Bien sûr, les Antivax et autres conspirationnistes ont repris à leurs comptes ces affirmations pour attirer l’attention sur les possibles usages ‹ involontaires › de telles technologies. Parce que, eux aussi, se sont imaginés les applications de ces technologies qui animent l’imaginaire des GAFAM et les projets révolutionnaires du Forum Économique Mondial.
De fait, certains conspirationnistes auront été jusqu’à affirmer que les vaccins anti-Covid pouvaient contenir des micro-puces ou des transpondeurs RFID, permettant aux institutions de contrôle de vérifier le statut sanitaire des individus.4
Les deux mondes
Face à l’imagination de ces complotistes, on pensera inévitablement au texte classique de Victor Tausk, neurologue et psychanalyste de la toute première génération, qui proposait en 1919, une analyse des « appareils à influencer » dans le contexte de ce qu’aujourd’hui, on appellerait la paranoïa (voire le trouble de la personnalité paranoïde).5
La paranoïa est caractérisée par une formation de délire caractéristique : le délire de persécution. Dans l’une des premières analyses historiques de ces formes de délires par les psychiatres français Paul Sérieux et Joseph Capgras (1909), la persécution apparaît comme essentiellement fondée sur l’activité de l’interprétation de la réalité.6 Raison pour laquelle les délires paranoïaques ne paraissent pas nécessairement fous : ils s’étayent sur une lecture particulière de la réalité et des faits.
À l’opposé de la schizophrénie paranoïde, la paranoïa se passe aussi bien d’hallucinations que de dissociations de la personnalité. Elle présente une reconstruction systématique du monde par voie d’interprétations qui, à l’occasion, peuvent porter tous les traits de la rationalité bien organisée et de la logique. Un trait que la paranoïa partage avec bon nombre de critiques conspirationnistes, comme le constate le politologue et expert en conspirationnisme, Emmanuel Taïeb : « Sous cet aspect, le complotisme ne relève pas d’une quelconque irrationalité analytique mais bien d’une explication politique pratique du monde social. »7
Les appareils à influencer de la paranoïa
Cette similarité a pour effet de considérablement compliquer la différence entre la paranoïa, la théorie du complot, et les sciences sociales critiques, comme l’admet le professeur dans son article de l’Encyclopædia Universalis.
Car si les théories conspirationnistes peuvent ressembler aussi bien à la paranoïa qu’aux sciences sociales critiques, ces dernières peuvent se transformer tout aussi aisément en théories du complot. Les théories de la conspiration ne ressemblent donc pas seulement aux sciences sociales critiques, mais ces dernières constituent parfois de véritables théories de la conspiration. On se souviendra de l’interprétation du Marxisme par Karl Popper.8 Mais le politologue expert dispose tout de même de critères de démarcation clairs et distincts :
Le basculement de tels travaux dans une logique de type conspirationniste se produit ainsi quand l’analyse pose que des intentions toutes puissantes ne rencontrent jamais aucune contrainte sociale, et affirme que les machinations cachées de certains acteurs plus ou moins visibles produisent toujours les effets attendus. Ou encore quand elle prête une connivence et un pouvoir convergent à des groupes en fait hétérogènes et aux intérêts souvent contraires (élites, minorités, banques, multinationales, lobbies, médias…), voire à des catégories sociales construites pour les besoins d’une cause, sans transposition dans la réalité (les « 1 p. 100 »).
Avec son « appareil à influencer », Victor Tausk a isolé une formation typique de la formation de délire : certaines personnes atteintes de délires paranoïaques s’imaginent être sous l’influence d’appareils qui leur « volent pensées et sentiments, et ce par des ondes ou des rayons ou à l’aide de forces occultes […] ». De tels appareils sont manipulés par des ennemis, et « il ne faut pas s’étonner que l’appareil ennemi soit manié par des personnes qui doivent apparaître à l’observateur objectif comme des objets d’amour : des prétendants, des amants, des médecins. »9
« Les malades ne peuvent donner qu’une approximation de sa construction », écrit Tausk. Il est généralement composé de leviers, de roues, de fils et de batteries. Mais, les malades instruits « s’efforcent de deviner la composition de l’appareil à l’aide des connaissances techniques dont ils disposent et il s’avère qu’avec le progrès de la popularité des sciences techniques, toutes les forces naturelles au service de la technique sont peu à peu utilisées pour expliquer les fonctions de l’appareil. »
Les appareils à influencer des conspirationnistes
Si le fonctionnement exact de l’appareil échappe en général aux malades, écrit Tausk, les « malades cultivés s’efforcent, à l’aide des connaissances techniques dont ils disposent, de deviner la composition de l’appareil. Au fur et à mesure que la diffusion des sciences techniques progresse, il s’avère que toutes les forces naturelles domestiquées par la technique sont mises à contribution pour expliquer le fonctionnement de cet appareil […]. »10
À l’ère de la quatrième révolution industrielle, rien ne semble plus évident dès lors, que l’appareil à influencer doive prendre la forme d’une pilule électronique ou d’une puce ou d’un transpondeur sous-cutané. De même que le patient de Tausk, qui avait passé la bonne partie de sa vie à l’asile psychiatrique, les pilules de M. Bourla feraient donc que nous serions, nous-aussi « parcouru de courants électriques qui passent au sol en traversant [nos] jambes ». Ou plutôt, par des courants électriques qui passent par l’air et peuvent être émis et captés par les antennes mystiques de nos téléphones portables.
Les appareils à influencer du Forum Économique Mondial
Une fois de plus, le délire ne semble pas si éloigné de la réalité. Car si ces technologies existent bel et bien, et si leur usage est explicitement prévu pour les personnes atteintes de « maladies mentales » — notamment dans le cas du ‹ Abilify ›11, un antipsychotique atypique —, son usage exemplaire, selon l’agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux, reste d’abord limité au seul contexte du soin. Le délire réel au service du bien-être des malades mentaux.
Loin d’être un appareil à influencer ou à dérober les pensées et les sentiments, la pilule électronique sert à surveiller la « medication adherence » (intentionnelle, volontaire), ou la « medication compliance » (non-intentionnelle, involontaire), c’est-à-dire la conformité ou l’adhésion du patient au traitement prescrit. Impossible donc de se soutirer à ses comprimés antipsychotiques – et l’on se souviendra des mémorables scènes du Vol au-dessus d’un nid de Coucou –, le médecin ou l’hôpital sauront si le malade a bien pris ses cachets.
Guérir les délires de persécution grâce à la surveillance
On appréciera l’ironie de la situation : pour guérir les paranoïaques, la quatrième révolution industrielle invente des appareils qui réalisent de fait, ce dont les pauvres persécutés ne faisaient que délirer. La pilule émettrice de signaux, censée enjoindre les patients à l’obéissance et les soumettre à la surveillance, permet de les dessaisir de leur délire d’être influencés et persécutés. Ainsi, les « fils invisibles » ou la « télépathie » imaginaires des fous sont réajustés à la réalité (du progrès pas fou) par les ‹ fils › subtils des réseaux internet.
Mais, l’ironie ne s’arrête pas là. À l’instar des paranoïaques et conspirationnistes, M. Bourla, un homme manifestement très cultivé, est aisément capable de s’imaginer d’autres applications « fascinantes » pour ses pilules à influencer. Dans l’entretien mentionné, le C.E.O. de Pfizer s’imagine notamment les situations suivantes : les compagnies d’assurance pourront surveiller leurs clients et ajuster, le cas échant, leurs polices d’assurance, les responsables médicaux surveilleront potentiellement leurs patients même hors de l’hôpital, dans leur vie privée, et tout ceci sans même mentionner la très importante « prévention sanitaire ». Vous avez dit « prévention sanitaire » ?
Bien sûr, poursuit Bourla, qui n’est pas en défaut d’imagination, plus besoin de vos montres de sport dans les salles de gym, plus besoin de certains bilans sanguins : la pilule électronique offre une solution intégrée qui va de l’obéissance médicale, du sport, de l’analyse du sang en transmission directe, de l’état de santé et de vaccination à la carte bancaire et à l’identité électronique. Et, pour que tout cela fonctionne, il suffit d’avoir « le bon type de matériel et d’infrastructure ». L’appareil à influencer de la quatrième révolution industrielle prend ici des allures systémiques.
Et Bourla de rassurer ses auditeurs : il ne s’agira pas là d’une surveillance permanente. Les informations ne seront prises qu’au besoin, de manière sporadique, si bien que le clair du temps, les personnes complétées (voir ci-dessous) par les nouvelles technologies pourront passer le clair de leur temps hors surveillance.
Les rêveries du Panoptique électronique
De même que la prison imaginaire du philosophe utilitariste Jeremy Bentham, il n’y aura pas donc besoin d’une surveillance jour et nuit. De quoi nous rassurer. En guise d’un nouveau dispositif de contrôle, l’un des plus importants penseurs du libéralisme politique, avait inventé une prison du nom de Panopticon (de par son étymologie : « voir tout »). Les personnes enfermées dans ce dispositif carcéral – les cellules particulières ouvertes vers l’intérieur sont disposées en cercle concentrique autour d’une tour de garde qui ne donne pas à voir les surveillants – sont ainsi potentiellement surveillés à tout moment, même si de fait, cette surveillance n’est exercée qu’à certains moments.
On aura aisément pu voir dans la société de l’internet, et dans le monde des « objets connectés » une réalisation inespérée du principe de la surveillance généralisée de Bentham ; une surveillance, qui pour la majorité d’entre nous et jusqu’à présent se limitait surtout à la vente ciblée et intelligente de produits et de services par l’usage consensuel et théoriquement transparent de nos données. Ce que propose la nouvelle technologie des « pilules électroniques », c’est simplement de rajouter le corps humain aux « objets connectés ». Et, en suivant la définition de l’Union internationale des télécommunications, de même que nos pensées, par le biais de nos ordinateurs et téléphones portables, le corps pourrait faire partie de l’« infrastructure mondiale pour la société de l’information, qui permet de disposer de services évolués en interconnectant des objets (physiques ou virtuels) grâce aux technologies de l’information et de la communication interopérables existantes ou en évolution. »12
Rappelons aussi que pour Bentham, de même que pour les ingénieurs de la nouvelle révolution industrielle, le tout-voir est façonné à la seule fin du plus grand bonheur du plus grand nombre possibles. Ainsi, tout gouvernement devait s’astreindre aux quatre grands principes du gouvernement : la subsistance, l’abondance, la sécurité et l’égalité. Rien que les meilleures intentions : qui ne voudrait pas voir sa subsistance, son abondance, sa sécurité et son égalité assurée par des firmes ou des États qui voient tout ?
Le pouvoir totalitaire n’a pas besoin de surveillance permanente
Évidemment, le tout-voir, l’omniscience jusque-là réservée à la connaissance métaphysique d’un dieu, pourrait donner lieu à un nouveau type de pouvoir : le pouvoir totalitaire électronique. Comme le commentait Michel Foucault dans Surveiller et punir : cette surveillance et sa visibilité permanente assure en même temps le fonctionnement automatique du pouvoir » du fait d’une surveillance « permanente dans ses effets, même si discontinue dans son action ».13 Le tout-voir avec l’état conscient et permanent de visibilité produit un lien non seulement matériel, mais surtout psychologique chez la personne observée : « Faire que la surveillance soit permanente dans ses effets, même si elle est discontinue dans son action ; que la perfection du pouvoir tende à rendre inutile l’actualité de son exercice ; que cet appareil architectural soit une machine à créer et à soutenir un rapport de pouvoir indépendant de celui qui l’exerce »14. À ce propos, Bentham lui-même écrivait :
« L’inspection : voilà le principe unique, et pour établir l’ordre et pour le conserver : mais une inspection d’un genre nouveau, qui frappe l’imagination plutôt que les sens, qui mette des centaines d’hommes dans la dépendance d’un seul, en donnant à ce seul homme une sorte de présence universelle dans l’enceinte de son domaine […]. L’inspecteur, invisible lui-même, règne comme un esprit. »15
Les grands architectes économiques et étatiques du monde à venir rêveraient-ils donc d’un nouveau pouvoir panoptique ? La nouvelle transparence, relèverait-elle d’un pouvoir qui aurait profité de la pandémie, entre autres, pour poser les jalons de la domination, corollaire la révolution industrielle en marche ? Est-ce qu’enfin l’humain augmenté répond au projet panoptique de Bentham à l’âge de la connexion universelle ? Loin s’en faut !, nous assurent les concernées et leurs vérificateurs de faits. Voilà justement l’estampille de la paranoïa sous-jacente au conspirationnisme.
Le grand projet du capitalisme de surveillance
C’est par ce type d’imaginaire que le conspirationnisme rejoint la paranoïa. Car le conspirationnisme « est une vision du monde qui affirme que le cours de l’histoire n’est pas le fruit des jeux politiques nationaux et d’actions humaines incertaines, mais qu’il est en réalité provoqué uniformément par l’action secrète d’un petit groupe d’hommes désireux de réaliser un projet de contrôle et de domination des populations. » 16 Ainsi « les fake news conspirationnistes apparaissent comme des outils visant à imposer une certaine lecture politique d’un événement […] et à disqualifier celles qui apparaissent comme « officielles ». »
Aucune rêverie de cette sorte au Forum Économique Mondial, qui se situe aux antipodes de la société ou du capitalisme de surveillance !17 Il s’y agit seulement et simplement du projet philanthropique de l’« augmentation de l’être humain » (Cf. les human enhancement technologies, HET) ; d’un humain raccordé à des « systèmes d’intelligence artificielle » avec, on le comprendra, la mise en place des infrastructures nécessaires à cette augmentation. Soit : le progrès pour l’avancement de l’humanité et pour une meilleure santé universelle. Honni soit qui mal y pense ! Car l’action du petit groupe d’hommes du Forum Économique, désireux de réaliser un projet de contrôle et de domination des populations, est parfaitement officiel et assumé.
Dans les mots de la politologue Shoshana Zuboff :
Ce nouveau pouvoir exerce sa volonté par le biais d’instruments numériques. Il n’envoie personne chez nous la nuit, pour nous emmener au goulag ou au camp. Il ne nous menace pas de meurtre ou de terreur. Ce n’est pas un pouvoir totalitaire. Mais c’est une forme nouvelle et sans précédent de pouvoir, tout comme le totalitarisme qui s’est présenté comme un pouvoir nouveau et sans précédent au 20e siècle. Ce nouveau pouvoir est ce que j’appelle un pouvoir instrumentaire. Il exerce sa volonté à distance, il vient à nous secrètement, sans bruit. Et si jamais nous savons qu’il est là, il peut même nous accueillir avec un cappuccino et un sourire.18
Mais quiconque n’y croirait toujours pas ces hommes et ces femmes pourra s’en remettre aux vérificateurs de faits et aux décodeurs de désinformations, toujours neutres, informés de la vérité et imprégnés de science. Ces nouveaux gardiens de la vérité auront tôt fait de dissiper les derniers doutes conspirationnistes.
Le rétablissement de la vérité par le fact-checking médiatique
Résumons brièvement les arguments des ‹ vérificateurs de faits › (USA Today, Politifact, Handelszeitung, etc.), qui traquent l’imagination paranoïde des conspirationnistes.
La preuve de la mal-pensance et la réfutation du délire complotiste (sans anti-psychotiques électroniques, dans un premier temps) se fait comme suit :
- Les technologies et les applications des « pilules électroniques » et des injections de micropuces et de transpondeurs précèdent la pandémie du Covid,
- Bourla n’a jamais affirmé en 2018 qu’il allait ou voulait intégrer cette technologie aux vaccins anti-Covid,
- de fait, les micro-puces ne sont pas mentionnées dans la liste des ingrédients actuels des vaccins anti-Covid,
- si l’injection et l’ingestion de micropuces existe, et est de fait appliquée dans certaines techniques et procédures médicales, cela ne vaut pas dire qu’elles le soient automatiquement dans les vaccins anti-Covid,
- et de toute manière, ce sont surtout les Antivax et les supporters de Trump qui associent les vaccins aux injections de micropuces.
C.Q.F.D.
Une place à part, au sommet des garantisseurs de faits objectifs, revient évidemment aux vérificateurs de l’agence de presse internationale Associated Press. 19 Puisque c’est ici qu’une grande part de la « presse professionnelle », comme aime à la nommer le professeur Taïeb, trouve les fondements de sa vraie vérité.
Contre des affirmations conspirationnistes non citées, les vérificateurs d’AP remettent d’abord en question l’attribution de la nouvelle technologie des pilules électroniques à Pfizer. Elle a été développée par Otsuka Pharmaceutical Co. et Proteus Digital Health. De même, les vérificateurs rappellent qu’en 2018, Bourla n’affirmait aucun projet de recourir à une technologie développée en 2020 pour une maladie découverte en 2019. Qui en douterait ?
En guise d’experte représentative de la vérité entrepreneuriale, AP cite une porte-parole officielle de Pfizer, Mme Jerica Pitts confirmant qu’il n’existe pas de preuve, à sa connaissance, de micro-puces dans les vaccins ou pilules de Pfizer.
De toute manière, soulignent encore les vérificateurs de AP, dans la vidéo en question, Albert Bourla se serait exclusivement intéressé au contrôle de l’adhésion médicamenteuse des patients. On pourra donc négliger « les applications » possibles, énumérées par le directeur enthousiaste, comme aucune de ces applications énumérées de fait ne relèvent du vaccin de Pfizer.
Voilà donc de quoi apaiser les esprits et de quoi restituer la vérité : l’« augmentation de l’être humain », la surveillance médicale privée et publique, la prévention sanitaire de l’avenir, le contrôle omniprésent de certaines entreprises et États, et la mise en place des infrastructures de raccordement aux systèmes d’IA n’ont, en réalité, rien à voir avec la pandémie du Covid en général, ni avec de quelconques vaccins en particulier.
Dépassons donc nos craintes paranoïaques et faisons confiance au pouvoir de la prochaine révolution industrielle. Parce que ce sera celle de l’abondance, de la sécurité, de la santé, du bonheur, des cappuccinos et des sourires pour tous.
Notes :
- Victor Tausk, « Über die Entstehung des Beinflussungsapparates in der Schizophrenie », Zeitschrift für ärztliche Psychoanalyse, 5, 1919, p. 1 – 33 ; trad. fr. in La Psychanalyse, 4, 1958 et V. Tausk, Œuvres psychanalytiques, Paris, Payot, 1975 , 2000. ↩︎
- World Economic Forum. (2018, janvier 25). Transforming Health in the Fourth Industrial Revolution. https://www.youtube.com/watch?v=Uio8X1h0H‑E&t=2722s ↩︎
- Voir : Commissioner, O. of the FDA approves pill with sensor that digitally tracks if patients have ingested their medication. (November 13, 2017.)
FDA. https://www.fda.gov/news-events/press-announcements/fda-approves-pill-sensor-digitally-tracks-if-patients-have-ingested-their-medication ↩︎ - Pour la technologie en question, voir p.ex. Cf. aussi les « implants électroniques », p.ex. https://www.wikiwand.com/en/Microchip_implant_(human) ↩︎
- Tausk, op. cit. ↩︎
- La spécificité du délire paranoïaque a été conçu dès 1909, deux ans avant la première théorie psychanalytique de la paranoïa de S. Freud, par Paul Sérieux et Joseph Capgras : Les folies raisonnantes. Le délire d’interprétation, 1909. Voir à ce sujet : Brémaud, N. (2018). Contribution à l’histoire du délire d’interprétation. L’information psychiatrique, 94(9), 766776. ↩︎
- Taïeb E. « Conspirationnisme », Encyclopædia Universalis en ligne, consulté le 22 mai 2022. URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/conspirationnisme/ ↩︎
- Feaver, G. (1971). Popper and Marxism. Studies in Comparative Communism, 4(3/4), 3 – 24. ↩︎
- Tausk, op. cit. ↩︎
- Tausk, op. cit. ↩︎
- Pour la référence dans le Vidal électronique, voir : https://www.vidal.fr/medicaments/substances/aripiprazole-22622.html ↩︎
- IUT‑T. (Juin 2012). « Présentation générale de l’Internet des objets ». https://www.itu.int/rec/dologin_pub.asp?lang=e&id=T‑REC‑Y.2060 – 201206‑I!!PDF‑F&type=items ↩︎
- Voir Foucault, M. (1993). Surveiller et punir : Naissance de la prison. Gallimard. Cf. aussi : https://www.radiofrance.fr/franceculture/la-societe-de-surveillance-de-foucault-9783509 ↩︎
- Voir Foucault op. cit.. Pour une critique de la lecture de Foucault, voir Tusseau, G. (2004). Sur le panoptisme de Jeremy Bentham. Revue Française d’Histoire des Idées Politiques, 19(1), 3‑38. ↩︎
- Bentham J. (1997). Mémoire sur un nouveau principe pour construire des maisons d’inspection, et nommément des maisons de force. E. Dumont (éd.), Nantes, Éditions Birnam. ↩︎
- Taïeb, loc.cit.. ↩︎
- Voir Ferreira, A. (2021). The age of surveillance capitalism : The fight for a human future at the new frontier of power, by Shoshana Zuboff. Journal of Urban Affairs, 1‑3. https://doi.org/10.1080/07352166.2021.1939586 et Zuboff, S. (2019). The Age of Surveillance Capitalism. Profile Books. ↩︎
- Zuboff S. (8 septembre 2021). “Surveillance capitalism and democracy”. Conférence au Alexander von Humboldt Institut für Internet und Gesellschaft à Berlin. ↩︎
- Voir : Video shows Pfizer CEO at Davos in 2018 talking about another company’s pill. (2022, mai 23). AP NEWS. https://apnews.com/article/fact-check-Pfizer-CEO-Davos-256352183903 ↩︎
Bibliographie :
Associated Press (AP) NEWS (2022, mai 23): Video shows Pfizer CEO at Davos in 2018 talking about another company’s pill. https://apnews.com/article/fact-check-Pfizer-CEO-Davos-256352183903
Bentham, J. (1791). Mémoire sur un nouveau principe pour construire des maisons d’inspection, et nommément des maisons de force. Imprimerie Nationale, Paris.
Brémaud, N. (2018). Contribution à l’histoire du délire d’interprétation. L’information psychiatrique, 94 (9), 766 – 776.
Feaver, G. (1971). Popper and Marxism. Studies in Comparative Communism, 4(3/4), 3 – 24.
Ferreira, A. (2021). The age of surveillance capitalism : The fight for a human future at the new frontier of power, von Shoshana Zuboff. Journal of Urban Affairs, 1 – 3.
Foster, J. B., & States, R. (2014, 1. Juli). Surveillance Capitalism. Monthly Review. https://monthlyreview.org/2014/07/01/surveillance-capitalism/
Foucault, M. (1975/1993). Surveiller et punir : Naissance de la prison (Gallimard)
Gross, Seraina (23. Mai 2022): WEF-Video von Pfizer-Chef Albert Bourla geht viral : Doch der Ausschnitt ist alt und bedient Verschwörungstheorien. Handelszeitung (online) https://www.handelszeitung.ch/musterportfolios/wef-video-mit-pfizer-chef-geht-viral-doch-der-schnipsel-ist-vier-jahre-alt
Morozov, E. (2020, avril 15). The tech ‘solutions’ for coronavirus take the surveillance state to the next level. The Guardian. https://www.theguardian.com/commentisfree/2020/apr/15/tech-coronavirus-surveilance-state-digital-disrupt
Pschyrembel Online : https://www.pschyrembel.de/
Ropert, Pierre (2014): La société de surveillance de Foucault. https://www.radiofrance.fr/franceculture/la-societe-de-surveillance-de-foucault-9783509
Sérieux, Paul & Joseph Capgras (1909): Les folies raisonnantes. Le délire d’interprétation.
Tausk, V. (1919). « Über die Entstehung des Beeinflussungsapparates in der Schizophrenie », Zeitschrift für ärztliche Psychoanalyse, 5, 1919, S. 1 – 33. Voir aussi : Tausk, V. (2008). Beeinflussungsapparate : Zur Psychoanalyse der Medien (1. Aufl). Semele-Verl.
Tusseau, G. (2004). Sur le panoptisme de Jeremy Bentham. Revue Française d’Histoire des Idées Politiques, 19(1), 3‑38.
Zuboff, S. (2015). Big other : Surveillance capitalism and the prospects of an information civilization. Journal of Information Technology, 30(1), 75‑89.
Zuboff, S. (2019). The Age of Surveillance Capitalism. Profile Books.
Zuboff, S. (8. September 2021). « Surveillance capitalism and democracy”. Vortrag am Alexander von Humboldt Institut für Internet und Gesellschaft zu Berlin.
IUT‑T. (Juni 2012). « Présentation générale de l’Internet des objets ». https://www.itu.int/rec/dologin_pub.asp?lang=e&id=T‑REC‑Y.2060 – 201206‑I!!PDF‑F&type=items